Face au port de pêche des Sables-d'Olonne, un quartier maritime à l'architecture typique...

La Chaume affiche ses jolies maisons colorées face au port de pêche

Face au port de pêche des Sables-d'Olonne, la Chaume affiche ses jolies maisons colorées. Quartier maritime par excellence, les abords des quais sont aménagés de façon à protéger ses habitants du vent. Le bourg ancien était organisé sur quelques rues parallèles au quai, principalement entre l'église et le château de la Chaume, le tout relié par des petites venelles décalées les unes par rapport aux autres de façon à casser le vent.

On dit d'ailleurs que l'esprit de la Chaume réside dans son dédale de ruelles autrefois peuplées de pêcheurs, de charpentiers de marine et de gens de mer. D'ailleurs, l'identité maritime y est encore très présente. A la fois à travers son architecture composée de maisons basses blanchies à la chaux, de ses nombreux murs en pierres de lest, témoins méconnus du commerce du sel dans la baie du pays d'Olonne, mais aussi grâce au parler chaumois et aux figures marquantes du quartier qui continuent de réaffirmer cette identité.

la chaume #6

Quelques personnages célèbres des Sables d'Olonne

FLORELLE

Florelle (Odette Rousseau) est née le 9 août 1898 sur les quais de la Chaume (dans l'actuel Crédit maritime). Après y avoir passé une partie de son enfance, elle suit ses parents qui déménagent à Paris en 1905. Elle sera élevée dans le quartier de Montmartre et montera très jeune sur les planches au café-concert La Cigale où travaillait se mère Diadéma (un prénom original comme on en trouvait beaucoup à la Chaume). Dès 1914, elle part en tournée à l'étranger avec la troupe de L'Européen ; elle y partage la scène avec Jean Flor qui deviendra son parrain de scène et sera à l'origine de son nom d'artiste.

Sa carrière décolle entre les deux guerres : elle chante à l'Apollo, aux Folies Bergère, part en tournée en Amérique latine, remplace Mistinguett au Moulin Rouge, commence à jouer des petits rôles dans les films de Henri Diamant-Berger. Elle se fait remarquer dans L'Opéra de quat'sous en 1931, puis commence une carrière cinématographique importante en tournant pour des grands réalisateurs comme Ernst Lubitsch, Robert Siodmak, Georg Wilhelm Pabst, Jean Renoir, Fritz Lang...

Sa carrière s'arrête avec la Seconde Guerre mondiale. Après avoir tenu un cinéma, divers cafés et avoir beaucoup voyagé, elle revient aux Sables-d'Olonne dans les années cinquante ; elle y ouvre un café puis un restaurant L'Orée des pins à côté du casino des Pins.

Elle s'éteindra à La Roche-sur-Yon le 28 septembre 1974, à hôpital psychiatrique.

 

HIPPOLYTE MASSÉ

Hippolyte Massé est une figure méconnue qui a pourtant marqué de ses œuvres la vie chaumoise. Né aux Sables- d'Olonne, ce bricoleur-poète, à la fois peintre, sculpteur et décorateur, travaillait à l'instinct. Plombier-zingueur de profession, il exerçait tous les étés une activité de passeur. L'hiver venu, il fabriquait toutes sortes d'objets en coquillages, coquilles de crabes, ciment peint, bois et métal, sorte de mythologie populaire qu'il vendait ensuite aux touristes lors de la saison estivale. Ayant vécu une bonne partie de sa vie en terre chaumoise, il avait entièrement décoré de coquillages les façades des deux maisons qu'il avait occupées. L'une, au numéro 15 de la rue du Lieutenant-Maurice-Anger, surnommée "la maison de la Sirène" en raison de son décor, l'autre, à l'angle de la rue des Marais, ornée d'une magnifique Sablaise les jupes au vent et d'un élégant trois-mâts. Ce personnage original avait été immortalisé, tout comme le peintre Gaston Chaissac, par le photographe Gilles Ehrmann qui recherchait des artistes "sortant de l'ordinaire".

 

ODETTE ET ALFRED ROUX

Née le 25 mai 1917 dans le petit village de La Boissière- des-Landes au sein d'une famille modeste, élève brillante, Odette Loisit obtint son certificat d'études en 1929 et entra ensuite à l'école primaire supérieure de Fontenay- le-Comte puis à l'Ecole normale de La Roche-sur-Yon. Elle devint institutrice à l'âge de 19 ans et ne tarda pas à s'intéresser à la politique. Membre des Jeunesses socialistes de Challans et du Syndicat des instituteurs, c'est lors d'une réunion du Groupe des jeunes instituteurs qu'elle rencontra son futur mari, Alfred Roux.

Cet instituteur charismatique originaire de la Chaume (il vivait rue de l'Epicerie, actuelle rue Alfred-Roux) dirigeait, à l'époque, les Jeunesses communistes des Sables-d'Olonne. Ils se marièrent à l'église de la Chaume le 18 mars 1938, mais « Frédo » sera rapidement mobilisé sur le front. Il reviendra en Vendée en septembre 1940. Les deux époux prirent ensemble part à la Résistance dès janvier 1941 en diffusant des tracts et journaux clandestins, tout en assurant, le jour, leurs fonctions d'instituteur afin de ne pas éveiller les soupçons.

Arrêtés le 12 mars 1943, le couple subit de longs interrogatoires. Odette fut libérée sous surveillance, mais son mari fut incarcéré à Fontenay-le-Comte puis à la prison allemande de La Roche-sur-Yon. Après de longues semaines, la Gestapo annonça à Odette le suicide d'Alfred. Elle n'y croira jamais... Au début de l'année 1944, Odette Roux fut à nouveau contactée par les résistants. Ils la chargeront de mettre en place l'Assistance française en Vendée. Elle prit alors une nouvelle identité : Simone Petit.

Elle sillonna le département à vélo, couvrant des dizaines de kilomètres par jour pour distribuer tracts et journaux. Très impliquée en Vendée une fois le département libéré, elle participa aux premières élections municipales d'après- guerre. Le 13 avril 1945, cette jeune femme communiste de seulement 27 ans fut élue maire d'une commune de plus de 18 000 habitants, devenant ainsi la première femme à avoir administré une sous-préfecture. Durant son mandat, elle s'attacha à rétablir le quotidien des Sablais, à développer l'enseignement et le social, et à redresser l'économie de la station balnéaire. Un de ses projets bien connu reste l'aménagement de la place de la Liberté en un jardin fleuri surnommé depuis "Le jardin d'Odette". Par la suite, Odette Roux reprit sa profession d'institutrice mais resta très impliquée dans la vie de la commune. Elle fut conseillère municipale jusqu'en 1959. Décorée de la Légion d'honneur en 2009, elle s'est éteinte en janvier 2014.

 

JEAN-DAVID NAU DIT "FRANÇOIS L'OLONNAIS" 

Jean-David Nau, dit "François l'Olonnais", serait né aux Sables-d'Olonne vers 1630. Matelot, il décida de gagner les Antilles en s'engageant sur un navire rochelais. Arrivé à Saint-Domingue, il dut travailler dans un premier temps dans une plantation afin de rembourser sa traversée. Libéré de ses engagements, il devint ensuite boucanier (chasseur de taureaux sauvages) puis rejoignit l'île de la Tortue pour s'engager sur un navire corsaire. C'est à ce moment qu'il prouva son habileté au combat et à la navigation ; il saisit sa chance à la mort du capitaine en devenant le commandant du navire. Nau multiplia les prises et s'illustra par la cruauté qu'il réservait aux marins espagnols auxquels il vouait une haine féroce. Lors d'une escale dans le Yucatan, au Mexique, son équipage fut cerné et massacré par les Espagnols. Il dut alors se cacher, se couvrir de sang et feindre la mort au milieu des cadavres afin d'échapper à ses ennemis.

De retour sur l'île de la Tortue, le gouverneur, M. d'Ogeron, lui fournit un nouveau navire avec lequel il repartit à la "chasse aux Espagnols". Il n'hésitait pas à utiliser des supplices cruels pour obtenir des renseignements et qui lui valurent le surnom de "Fléau des Espagnols". En 1662, l'Espagne envoya une puissante flotte pour éliminer "le Fléau", mais l'Olonnais captura le navire et fit décapiter tout l'équipage, ne laissant vivant que l'un des marins pour qu'il puisse rapporter les faits. D'une ambition sans bornes, il décida alors de s'attaquer directement aux ports des colonies espagnoles. C'est alors qu'en 1666, à la tête de huit navires et avec 850 hommes sous son commandement, dont des flibustiers célèbres comme Michel le Basque et Pierre le Picard, il s'attaqua au puissant port de Maracaïbo.

Les hommes débarqués à terre mirent la ville à feu et à sang pendant plusieurs jours. Le butin fut, dit-on, gigantesque et partagé équitablement selon les volontés de l'Olonnais. Nau s'attaqua ensuite aux côtes du Honduras. Sa course s'acheva en 1671 lorsque la coque de son navire se brisa au large de Panama. Il échoua alors son bateau sur une des îles du golfe de Darién. L'Olonnais et son équipage, épuisés et affamés, furent attaqués par les habitants de l'île, des Indiens anthropophages.

L'Olonnais, touché par une flèche empoisonnée, fut fait prisonnier et, selon Alexandre-Olivier Exquemelin qui rapporta son histoire dans son Histoire des aventuriers flibustiers, les indigènes le "découpèrent en morceaux, les jetèrent au feu et les dévorèrent comme si Dieu avait voulu effacer toute trace de cette infâme créature...". Ainsi s'acheva la vie tumultueuse de Jean-David Nau, flibustier réputé pour sa cruauté. Aujourd'hui, seules une place à Port Olona et une petite rue dans le quartier du Passage rappellent qu'il était originaire des Sables d'Olonne.

 

Texte : Priscilla Giboteau

Editions Kairos

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