Jean-Claude Artaud "crée comme il respire, l'art de rien..."

Bien qu'il s'en défende, Jean-Claude Artaud est à la fois peintre, sculpteur, performeur, installateur, photographe... et graphiste de métier. Il a l'humilité, la discrétion et la dérision des grands. Installé à La Mothe-Achard, il expose çà et là, en Vendée et ailleurs... Portrait.

Jean-Claude Artaud "crée comme il respire, l'art de rien..."

Bien qu'il s'en défende, Jean-Claude Artaud est à la fois peintre, sculpteur, performeur, installateur, photographe... et graphiste de métier. Il a l'humilité, la discrétion et la dérision des grands. Installé à La Mothe-Achard, il expose çà et là, en Vendée et ailleurs... Portrait.

jean-claude-artaud3Son atelier est installé sous les toits de l'écurie-étable de l'ancienne exploitation agricole de son père à La Mothe-Achard. Dans un bric- à-brac d'objets de récupération en tout genre, cabossés par le temps : des chutes de fil de fer, une machine à laver désossée sur laquelle est posé un établi, des tabourets, des morceaux de bois... L'inventaire pourrait être long, très long. Jean-Claude Artaud n'est pas du genre à jeter. Il conserve tout, presque amoureusement.jean-claude-artaud

Par un escalier plutôt raide, on accède à sa "cambuse", son appartement- bureau-atelier. Un grand lit, un bureau et, au milieu, une table où se superposent boîtes de peinture, bouquins, CD... Sur les murs blancs, quelques toiles. Ses dernières. Epurées, entre abstraction et figuration. Tout en rondeur et en couleurs. Jean-Claude Artaud est un artiste inclassable. "Ni peintre, ni sculpteur, ni photographe, ni performeur, ni installateur, et pourtant un peu tout ça...", confie-t-il.

La peinture, par exemple ? "C'est comme une écriture automatique. Le tableau se révèle à lui-même. Il n'y a pas vraiment de sujet. Ou alors le sujet, c'est la peinture. J'essaie de m'éloigner de l'illustration." Aucune prétention dans son propos : "Il y a les peintres et ceux qui font de la peinture. Je fais partie de la deuxième catégorie", considère-t-il. "Mais j'ai le secret espoir de devenir peintre un jour."

Et ses installations ? "Elles sont comme un mille-feuilles ! On peut les prendre à plusieurs niveaux... C'est souvent de l'ordre du symbolique, de la poésie... Il n'y a pas véritablement de "message", et si j'aime provoquer c'est juste pour que les gens découvrent deux ou trois choses parfois douce- amer... Comme lorsque l'on cuisine un plat pour des amis !"

Jean-Claude Artaud est humble, autodidacte, travailleur, épris de liberté et d'indépendance, doué, perfectionniste, bidouilleur hors pair, fasciné par le temps qui passe, désintéressé, drôle... Il bouillonne de créativité. Son œil rit souvent lorsqu'il se raconte, même si parfois la nostalgie affleure. A 53 ans, il tire le diable par la queue, continue à apprendre, à chercher son chemin.

Le Québec, le Brésil...

jean-claude-artaud1A 14 ans, son père lui propose de reprendre l'exploitation agricole. "J'ai refusé, je ne savais pas ce que je voulais faire, mais je savais que je ne voulais pas être chef d'entreprise !" Il atterrit dans une classe de CAP d'ajusteur au lycée Guitton à La Roche-sur-Yon. "J'étais le seul à m'intéresser aux cours de dessin d'art. Je découvrais un monde qui m'était totalement inconnu. Je dessinais déjà pas mal, des caricatures de profs. Le dessin était déjà un outil." Il enchaîne sur un CAP de dessin industriel à Nantes. Là encore, l'artiste qui germe ne trouve pas son compte. "Créativité zéro." Puis, il est appelé sous les drapeaux à Soissons où le dessin le sauve de corvées.

jean-claude-artaud2Retour à La Mothe-Achard. Suit un parcours professionnel morcelé, rythmé par des révolutions de deux ans. Premier contrat de travail chez SVS, une entreprise de sérigraphie à Beaulieu-sous-la-Roche. Après deux années, il préfère partir exercer ses talents au sein de l'Association culturelle du canton de La Mothe-Achard en tant que médiateur. C'est à cette époque-là qu'il présente sa première exposition, "des dessins réalistes bien léchés". Il rebondit ensuite dans une entreprise de fabrication de médailles fraîchement installée dans la région, puis aux Codes Rousseau et chez Graphibus à Nantes comme graphiste-illustrateur. A chaque fois, son dessin fait mouche. Jusqu'au jour où il tombe en amour avec une Québécoise pour qui il lâche tout et traverse l'Atlantique.

Inscrit à l'Université de Montréal en arts plastiques, il apprend à travailler aux côtés d'artistes, dans de vrais ateliers. "J'étais comme un gamin dans une pâtisserie ! Le bonheur total." Las ! L'histoire d'amour tourne court. Retour à La Mothe-Achard en 1991. C'est en 1997 qu'il s'installe comme graphiste indépendant. 1999, il rencontre la talentueuse sculpteuse québécoise, Pascale Archambault. Entre plusieurs allers et retours en France il travaille pour elle à Montréal ainsi qu'au Brésil. "Je vivais assez bien dans cette schizophrénie choisie...".

Depuis 2004, nouveau retour en France. Cette fois, semble-t-il, définitivement. "Maintenant, j'ai l'air d'un pépère sédentaire. Je connais les limites de la fuite en avant. Ce que j'ai fait, sans doute fallait-il le vivre pour savoir ce dont je ne voulais plus. Et je sais que peu importe l'endroit, on peut toujours créer..." Ainsi il jongle entre ses activités de graphiste et de plasticien, et continue à croire en sa bonne étoile, celle qui l'accompagne depuis des années. "Rêvons un peu, je me dis qu'un jour je rencontrerai un mécène qui me permettra de ne me consacrer qu'à la création !" Car Jean- Claude Artaud "crée comme il respire, l'art de rien..."

 

Si vous êtes intéressé par les sorties culturelles, venez visiter les monuments de Vendée et ses musées comme le musée d'Art moderne et contemporain des Sables d'Olonne : le musée de l'Abbaye Sainte-Croix !

Texte : Séverine Le Bourhis

 

Editions Kairos

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